A l'attention de mes lecteurs qui souhaiteraient retrouver la nouvelle "de Vermis Seoulis", il est de nouveau possible de commander le numéro 7 des "Cahiers de Corée" sur eBay (références et liste des points de vente sur cahiersdecoree.com).
L'occasion de rappeler le sommaire de ce numéro plein d'histoire, d'histoires et de rencontres passionnantes :
CAHIERS 7
1
Les cinq sens : Frédéric Boulesteix, Benjamin Joinau, Cathy Rapin, jacques Raphanel, Éric Bidet et Kim Su ae
Le gant à gratter : Frédéric Boulesteix
Les slippers : Benjamin Joinau
Carnet photos de…: Francis Van Maele
Korean Wave à Pékin : Tristan Bourbon-Parme
2
La Goryeo suji chim en France : Jean-Claude de Crescenzo
Signes & Sceaux : Rencontre avec Cho Sung-ju
Mémoires de films souterrains au pays du cinéma superstar : Antoine Coppola
Un doux espoir gravé sur bois : Nam Kung san
Les Onomatopées du coréen : Park Sang Jun
3
De Vermis Seoulis : Stéphane Mot
La peur, vue par … (fin) : Trois écrivains coréens
Poèmes coréens : Paulette Spescha-Montibert
Premières neiges : Yves Millet
Au bord de la rivière : Poèmes de Kim Yong Taek
4
Les étrangers en Corée : Jean de Pange
La présence française en Corée dans les cimetières : Pierre Ory et Benjamin Joinau
Ganghwado : à la croisée des témoignages : Pascal Bachfort
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2007/11/28
L'Année du chien
A mes lecteurs qui recherchent ma prose ailleurs que sur ces misérables pages virtuelles, voici un nouvel os à ronger*. "L'Année du Chien" a-t-il de la moelle ? A vous de juger.
A l'attention des non-initiés - je commets deux types d'écrits : des "blogules" (rouges ou blancs suivant l'humeur) et des "dragédies" (friandises et autres faire-part de mortalité). Tous sont nécessaires à mon équilibre : avec les premiers je libère mon côté animal (j'ai besoin de respirer, de purger mon organisme, mais aussi de me laisser aller au "junk writing" pour le simple plaisir), et à travers les secondes je mène une démarche plus intro/extraspective.
Dans les deux cas, le format court n'est pas spécialement recherché mais s'impose naturellement (je ne vois pas l'intérêt de rallonger inutilement la sauce, à part évidemment pour convaincre des éditeurs désespérément cramponnés au format roman XIXe).
"L'Année du Chien" est publié dans le numéro 82 de la revue BREVES - Anthologie permanente de la nouvelle (144 pages – 12 euros) chez l'Atelier du Gué. Vous pouvez en savoir plus sur ce numéro et le commandez en ligne sur http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Breves-no82.html. Ou encore commander directement à PLN, 1, rue du Village, 11300 Villelongue d’Aude, en joignant votre règlement (12 euros) à l’ordre de Pour La Nouvelle (envoi par retour, franco de port).
* toujours disponible : Cahiers de Corée n°7 (avec la nouvelle "de Vermis Seoulis")
A l'attention des non-initiés - je commets deux types d'écrits : des "blogules" (rouges ou blancs suivant l'humeur) et des "dragédies" (friandises et autres faire-part de mortalité). Tous sont nécessaires à mon équilibre : avec les premiers je libère mon côté animal (j'ai besoin de respirer, de purger mon organisme, mais aussi de me laisser aller au "junk writing" pour le simple plaisir), et à travers les secondes je mène une démarche plus intro/extraspective.
Dans les deux cas, le format court n'est pas spécialement recherché mais s'impose naturellement (je ne vois pas l'intérêt de rallonger inutilement la sauce, à part évidemment pour convaincre des éditeurs désespérément cramponnés au format roman XIXe).
"L'Année du Chien" est publié dans le numéro 82 de la revue BREVES - Anthologie permanente de la nouvelle (144 pages – 12 euros) chez l'Atelier du Gué. Vous pouvez en savoir plus sur ce numéro et le commandez en ligne sur http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Breves-no82.html. Ou encore commander directement à PLN, 1, rue du Village, 11300 Villelongue d’Aude, en joignant votre règlement (12 euros) à l’ordre de Pour La Nouvelle (envoi par retour, franco de port).
* toujours disponible : Cahiers de Corée n°7 (avec la nouvelle "de Vermis Seoulis")
2007/07/25
Si Paris m'était comptée
C’est à n’y rien comprendre. Alors qu’il regorge de merveilles et s’impose sans conteste comme le plus Parisien des arrondissements, le XXIIe demeure totalement négligé par la plupart des guides.
Pas moins de quatre vingt mille personnes habitent pourtant dans ce triangle d’une vingtaine de kilomètres carrés bordé par la Seine au Nord, le Bois de Cent Halles à l’Est et le XXIe au Sud, sans oublier la minuscule Ile Eygrand, reliée à la Rue du Quai par le Pont à Typhons, et où vécut le poète. Plus qu’un triangle, l’arrondissement forme en réalité un losange quasi parfait puisque le Bois en fait officiellement partie.
Alors que les beaux quartiers de l’Ouest affichent une très faible densité, à l’image de la prestigieuse Avenue Arienvue avec sa ribambelle d’hôtels particuliers, l’essentiel de la population se concentre à l’Est, notamment dans les rues populaires et sinueuses de la Butte en Blanc. Mais en journée, le coeur de la ruche s’active sous l’imposant totem de la Tour Worushita, dans le quartier des affaires du Faubourg Saint Ayezé-Finezerb.
Le XXIIe ne manque pas de lieux animés, à commencer par ses trois marchés : le marché aux Pas, les lundi et jeudi, le marché Ottro, les mardi et samedi, et celui de la rue Osüper, les mercredi, vendredi et dimanche. Véritable temple du shopping, le grand magasin Automne attire pour sa part de nombreux touristes étrangers, quand ils n’écument pas le dédale du marché aux puces autour de la Rue Tabaga, cet ancien chemin gaulois serpentant dans le quartier Tireste.
A deux pas de la Butte, les plus matinaux peuvent démarrer la journée au quatre-quarts de tour avec une bonne crêpe à Kenavo Town, le ghetto breton pur beurre où la fête bat son plein jour et nuit. Dans un style différent, difficile de ne pas évoquer la Rue des Effeuilleuses : le peintre maudit Van Gamel en célébra les soirées polissonnes et s’échoua avec la régularité des marées au Râteau Ivre. Convertie depuis en cabaret, la pittoresque enseigne du numéro 6 des Effeuilleuses attire toujours les âmes en perdition à quelques mètres de l’église Sainte Nitouche, au 6 ter.
Plus sages, les amateurs de lyrique et de classique papillonnent volontiers du côté du Boulevard de Théâtre : Offenbach y créa l’Opéra Malbouffe à l’Opéra Municipal Mac Donald et Sarah Bernard triompha au Théâtre des Evénements dans des créations aussi majeures que « La Comtesse au Pied de Bois » ou « La Belle au bois claudicant ». Les touristes les plus fortunés prolongent la nuit plus haut dans le boulevard à l’Hôtel Crackers, le seul cinq étoiles de la capitale, en prenant le temps d’un verre au Bar Mitzvah, où Woody Allen se produit régulièrement à la clarinette.
Plus au sud, les soirées au Stade Terminal ne sont en revanche plus ce qu’elles étaient depuis que le PUB FC a quitté la première division. Autant le Paris Université de Brelles a rayonné sur les années 20 en remportant la Coupe de France à quatre reprises, autant il végète dans l’indifférence générale depuis plus de quarante ans, son dernier exploit consistant en l’élimination des Maltais du Floriana la Valette au premier tour de la Coupe des Villes de Foires.
Le club partage son siège, ses dirigeants, et sa descente aux enfers avec le Parti de Rien : il y a bien longtemps que l’on n’assiste plus aux mythiques émeutes de l’Impasse Adisse pour la chasse aux billets ou pour l’adhésion au mouvement anarchiste. Le Stade Terminal sonne creux et craque de toutes parts, deux tiers des tribunes étant condamnées pour cause de risque d’effondrement.
Les projets de reconstruction s’accumulent en vain dans les placards de la Mairie de l’arrondissement, Place Aujeune, les rares supporters du club ne représentant plus depuis des lustres un enjeu électoral. Signalons à ce propos que le charismatique Maire du XXIIe, Anatole Fraise, tient le poste sans interruption depuis la Libération contre vents et marées, triomphant même avec plus de 80% des suffrages lors des dernières élections en dépit des rumeurs persistantes selon lesquelles il se sucrerait.
A défaut de pouvoir assister à de grands matches au Stade Terminal, les sportifs vont courir au Parc Athème, enquillant les tours de lac sans se douter que celui-ci doit son existence à la crue de 1910 et au débordement des canaux Pelusse et Lacrymal, qui finirent d’ailleurs par unir leurs lits à la levée des crues. Les joggeurs prolongent généralement leur circuit au Bois de Cent Halles : bien connue des peintres, une passerelle arborée relie les deux poumons de l’arrondissement en surplombant le boulevard Worsening, du nom du fameux Maréchal d’Empire Anglais passé à l’ennemi. Mais les Parisiens associent plus volontiers ce nom aux nombreux trafics pratiqués dans le quartier, en particulier au Métro Cétereaux et autour de l’Hôpital Hippocrate Debré, dont on se souvient que la construction défraya la chronique avec le déplacement très médiatique de la Statue du Commandeur en 1985.
Au delà ce cette anecdote et à l’image de son Maire, l’arrondissement aura subi quelques liftings au cours du siècle sans vraiment changer de visage : aucun projet architectural majeur n’a vu le jour depuis l’érection du Musée de l’ERgonomie et du DEsign au milieu des années soixante. Et encore ce chantier aura-t-il dérapé d’une bonne dizaine d’années avec la mise à jour d’un site archéologique remontant à l’invasion des Corses sous Tibère.
Pour être complet sur le XXIIe arrondissement, il conviendrait d’évoquer ses innombrables curiosités comme la Ru, la voie la plus courte de Paris, ou le Cimetière de la Mère Brigitte, dédié aux animaux domestiques. D’autres citeraient peut-être les joutes du Café Faune et ses concours de lancer de cendrier du Samedi soir, ou les quelques arpents de vigne plantés Rue du Crabe par le grand tragédien de la fin du XXe siècle Pierre Desproges, ou encore le Musée de Cire des Musées, qui reconstitue fidèlement les plus belles salles des principaux musées du monde.
Chaque ruelle, chaque immeuble regorge de passionnants récits, chaque mètre de bitume ou de pavé a été témoin des multiples rebondissements de la vie de tant de Parisiens illustres ou inconnus.
Et pourtant le XXIIe reste cet arrondissement honteusement oublié, pour ne pas dire snobé. Je soupçonne d’ailleurs certains taxis de le boycotter délibérément. Un employé de la RATP a même refusé de me vendre un aller simple RER pour la station 5 Décembre. Paris n’est décidément plus ce qu’elle était.
A Paris XXII, le 30 juillet 2003
Pas moins de quatre vingt mille personnes habitent pourtant dans ce triangle d’une vingtaine de kilomètres carrés bordé par la Seine au Nord, le Bois de Cent Halles à l’Est et le XXIe au Sud, sans oublier la minuscule Ile Eygrand, reliée à la Rue du Quai par le Pont à Typhons, et où vécut le poète. Plus qu’un triangle, l’arrondissement forme en réalité un losange quasi parfait puisque le Bois en fait officiellement partie.
Alors que les beaux quartiers de l’Ouest affichent une très faible densité, à l’image de la prestigieuse Avenue Arienvue avec sa ribambelle d’hôtels particuliers, l’essentiel de la population se concentre à l’Est, notamment dans les rues populaires et sinueuses de la Butte en Blanc. Mais en journée, le coeur de la ruche s’active sous l’imposant totem de la Tour Worushita, dans le quartier des affaires du Faubourg Saint Ayezé-Finezerb.
Le XXIIe ne manque pas de lieux animés, à commencer par ses trois marchés : le marché aux Pas, les lundi et jeudi, le marché Ottro, les mardi et samedi, et celui de la rue Osüper, les mercredi, vendredi et dimanche. Véritable temple du shopping, le grand magasin Automne attire pour sa part de nombreux touristes étrangers, quand ils n’écument pas le dédale du marché aux puces autour de la Rue Tabaga, cet ancien chemin gaulois serpentant dans le quartier Tireste.
A deux pas de la Butte, les plus matinaux peuvent démarrer la journée au quatre-quarts de tour avec une bonne crêpe à Kenavo Town, le ghetto breton pur beurre où la fête bat son plein jour et nuit. Dans un style différent, difficile de ne pas évoquer la Rue des Effeuilleuses : le peintre maudit Van Gamel en célébra les soirées polissonnes et s’échoua avec la régularité des marées au Râteau Ivre. Convertie depuis en cabaret, la pittoresque enseigne du numéro 6 des Effeuilleuses attire toujours les âmes en perdition à quelques mètres de l’église Sainte Nitouche, au 6 ter.
Plus sages, les amateurs de lyrique et de classique papillonnent volontiers du côté du Boulevard de Théâtre : Offenbach y créa l’Opéra Malbouffe à l’Opéra Municipal Mac Donald et Sarah Bernard triompha au Théâtre des Evénements dans des créations aussi majeures que « La Comtesse au Pied de Bois » ou « La Belle au bois claudicant ». Les touristes les plus fortunés prolongent la nuit plus haut dans le boulevard à l’Hôtel Crackers, le seul cinq étoiles de la capitale, en prenant le temps d’un verre au Bar Mitzvah, où Woody Allen se produit régulièrement à la clarinette.
Plus au sud, les soirées au Stade Terminal ne sont en revanche plus ce qu’elles étaient depuis que le PUB FC a quitté la première division. Autant le Paris Université de Brelles a rayonné sur les années 20 en remportant la Coupe de France à quatre reprises, autant il végète dans l’indifférence générale depuis plus de quarante ans, son dernier exploit consistant en l’élimination des Maltais du Floriana la Valette au premier tour de la Coupe des Villes de Foires.
Le club partage son siège, ses dirigeants, et sa descente aux enfers avec le Parti de Rien : il y a bien longtemps que l’on n’assiste plus aux mythiques émeutes de l’Impasse Adisse pour la chasse aux billets ou pour l’adhésion au mouvement anarchiste. Le Stade Terminal sonne creux et craque de toutes parts, deux tiers des tribunes étant condamnées pour cause de risque d’effondrement.
Les projets de reconstruction s’accumulent en vain dans les placards de la Mairie de l’arrondissement, Place Aujeune, les rares supporters du club ne représentant plus depuis des lustres un enjeu électoral. Signalons à ce propos que le charismatique Maire du XXIIe, Anatole Fraise, tient le poste sans interruption depuis la Libération contre vents et marées, triomphant même avec plus de 80% des suffrages lors des dernières élections en dépit des rumeurs persistantes selon lesquelles il se sucrerait.
A défaut de pouvoir assister à de grands matches au Stade Terminal, les sportifs vont courir au Parc Athème, enquillant les tours de lac sans se douter que celui-ci doit son existence à la crue de 1910 et au débordement des canaux Pelusse et Lacrymal, qui finirent d’ailleurs par unir leurs lits à la levée des crues. Les joggeurs prolongent généralement leur circuit au Bois de Cent Halles : bien connue des peintres, une passerelle arborée relie les deux poumons de l’arrondissement en surplombant le boulevard Worsening, du nom du fameux Maréchal d’Empire Anglais passé à l’ennemi. Mais les Parisiens associent plus volontiers ce nom aux nombreux trafics pratiqués dans le quartier, en particulier au Métro Cétereaux et autour de l’Hôpital Hippocrate Debré, dont on se souvient que la construction défraya la chronique avec le déplacement très médiatique de la Statue du Commandeur en 1985.
Au delà ce cette anecdote et à l’image de son Maire, l’arrondissement aura subi quelques liftings au cours du siècle sans vraiment changer de visage : aucun projet architectural majeur n’a vu le jour depuis l’érection du Musée de l’ERgonomie et du DEsign au milieu des années soixante. Et encore ce chantier aura-t-il dérapé d’une bonne dizaine d’années avec la mise à jour d’un site archéologique remontant à l’invasion des Corses sous Tibère.
Pour être complet sur le XXIIe arrondissement, il conviendrait d’évoquer ses innombrables curiosités comme la Ru, la voie la plus courte de Paris, ou le Cimetière de la Mère Brigitte, dédié aux animaux domestiques. D’autres citeraient peut-être les joutes du Café Faune et ses concours de lancer de cendrier du Samedi soir, ou les quelques arpents de vigne plantés Rue du Crabe par le grand tragédien de la fin du XXe siècle Pierre Desproges, ou encore le Musée de Cire des Musées, qui reconstitue fidèlement les plus belles salles des principaux musées du monde.
Chaque ruelle, chaque immeuble regorge de passionnants récits, chaque mètre de bitume ou de pavé a été témoin des multiples rebondissements de la vie de tant de Parisiens illustres ou inconnus.
Et pourtant le XXIIe reste cet arrondissement honteusement oublié, pour ne pas dire snobé. Je soupçonne d’ailleurs certains taxis de le boycotter délibérément. Un employé de la RATP a même refusé de me vendre un aller simple RER pour la station 5 Décembre. Paris n’est décidément plus ce qu’elle était.
A Paris XXII, le 30 juillet 2003
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